Tout part d'un dossier de police consulté aux Archives nationales, où s'entremêlent deux histoires mouvementées : celle d'un immigré italien expulsé de France dans les années 1920, et celle de fonds d'archives qui ont survécu à un double pillage durant la Seconde Guerre mondiale.
“Monsieur le commissaire, pour ma famille, je me jetterais à vos pieds (…) je me trouve sans travail, sans logement, avec la faim, tout nu. Je dors dans la campagne et sans un sou (…) Si vous me faisiez cette faveur de me faire annuler mon expulsion…”
“EXPULSÉ”
Le coup de tampon à l’encre violette apposé sur la première page écornée du dossier est net, sans bavure, un peu plus appuyé sur les dernières lettres. Il indique sans détour quelle issue a trouvé la supplique de l’homme qui m’intéresse.
Dans l’immense salle de lecture des Archives nationales de Pierreffite-sur-Seine, bercée par le seul son des feuillets manipulés autour de moi, j’ai l’impression qu’un petit tremblement de terre a frappé ma table.
Cette lettre manuscrite, rédigée dans un italien approximatif en juin 1927, traduite puis tapée à la machine par l’administration française, est le genre de pépite que l’on rêve de dénicher quand on enquête sur l’histoire des familles.
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